PROSPECTION: optimiser vos chances de réussite à la chasse grâce à la prospection terrain

Blogue sur zone-ecotone.com avec Dan Lavoie, guide de chasse, optimiser vos chances de réussite à la chasse grâce à la prospection terrain

La prospection terrain, couplée à des méthodes de prospection telles que l'analyse minutieuse des cartes et des données écoforestières, représente un investissement stratégique incontournable pour accroître considérablement votre taux de réussite à la chasse. Cette méthode s'avère particulièrement efficace pour toutes les formes de chasse au gros gibier, qu'il s'agisse de dindons, d'ours, de chevreuils, d'orignaux ou autres. Les principes et techniques s'appliquent de manière universelle.

Ces précieux conseils proviennent de Dan Lavoie, guide professionnel de chasse.

Pour augmenter vos chances d'observer du gibier pendant vos séances de chasse, il est primordial de localiser à l'avance les zones où les animaux se trouvent ou seront présents lors de votre période de chasse. Rassembler un maximum d'indices prouvant leur présence dans une zone donnée lors de la saison précédente. Habituellement, ces genres de zones seront fréquentées les saisons suivantes. 

Indépendamment de la période de l'année choisie pour la prospection, gardez à l'esprit qu'investir du temps dans cette démarche constitue l'un des moyens les plus efficaces pour accroître vos chances de réussite dans la chasse à l'orignal. Bien que certaines périodes puissent être plus propices que d'autres, chaque effort compte.

Après avoir préalablement ciblé les zones potentielles sur les cartes, il est temps de passer à la prospection sur le terrain. En concentrant vos efforts sur les points ciblés plutôt que de vous éparpiller dans des secteurs qui auraient pu être évités grâce à l'analyse des cartes, vous optimisez votre efficacité.

Dans les sections suivantes, nous allons approfondir ce sujet en énumérant plusieurs points cruciaux à vérifier pour maximiser vos résultats de recherche. La validation sur le terrain de ces points ciblés par l'analyse s'avère essentielle.

 

L'après saison de chasse

La période idéale pour la prospection est sans aucun doute après la saison de chasse automnale. À ce moment, les feuilles sont tombées, laissant les sentiers et les traces d'orignaux parfaitement visibles. Les habitats fréquentés pendant la période de rut ou pendant votre séjour de chasse sont clairement identifiables. Les marques de frottage sont fraîches et facilement repérables à distance lors de vos déplacements. Les empreintes de passage sont visibles quelques semaines après et sont encore nettement discernables sur le sol. Il devient alors plus aisé de repérer ces indices et d'ajuster vos stratégies et déplacements en forêt pour accroître vos chances de récolte d'orignaux.

Après la saison de chasse, la forêt dépourvue de chasseurs d'orignaux offre un environnement propice pour explorer les limites de votre zone ou secteur de chasse, sans perturbations à craindre.

 

Prospection printanière

La fonte des neiges marque le début d'une période propice à la prospection, offrant une alternative pour ceux qui ne peuvent pas réaliser cette démarche immédiatement après la saison de chasse. C'est particulièrement pertinent pour les chasseurs soumis à des tirages au sort annuels. Pour eux, la prospection au printemps est la solution, puisqu'ils ne peuvent pas explorer les zones de chasse après la saison, ne connaissant ni leur destination ni même leur sélection éventuelle. La période précoce du printemps, avant la repousse des feuilles, facilite l'identification des indices recherchés.

Prospection estivale

Se lancer dans une prospection en juillet ou en août est-il trop tard ? Absolument pas ! Chaque heure passée en prospection en forêt est une occasion de renforcer votre saison de chasse. Ne soyez pas découragé si, après une randonnée de plusieurs kilomètres en montagne à la recherche d'indices en lien avec vos dates de chasse, vous constatez que la zone qui semblait prometteuse sur les cartes se révèle difficile et décevante.

Cependant, même cette exploration décevante peut avoir une valeur positive. Elle vous épargne de vivre cette expérience décevante pendant la période de chasse. Refaire ce même parcours avec le même enthousiasme lors de la saison de chasse aurait été nettement plus frustrant.

Selon moi, le meilleur moment pour la prospection demeure immédiatement après la saison de chasse. Néanmoins, la prospection estivale apporte une expertise précieuse à ajouter à l'analyse des cartes. À l'instar de certains des guides les plus renommés du Québec, j'effectue des prospections sur mon territoire de chasse à diverses périodes de l'année. Après la saison de chasse, le manque de temps me limite malheureusement, et après une saison intense comme celle de 2022 où j'ai parcouru près de six cents kilomètres en deux mois, il devient évident que le temps est précieux.

En outre, avec un emploi du temps chargé au printemps en raison de la chasse à l'ours et des formations sur l'orignal, mes prospections s'étendent sur toute la durée de l'été. Il reste toujours quelques sorties à réaliser fin juillet et début août. Les résultats obtenus grâce à ces prospections contribuent largement à accroître les chances de réussite en récolte de chasse.

Une fois les cartes analysées et le couvert forestier identifié, vous saurez où concentrer vos recherches pour les orignaux selon vos dates de chasse. Ainsi, même si plusieurs mois se sont écoulés depuis la création de ces cartes et que les feuilles dans la forêt limitent la visibilité à distance, vous serez en mesure de repérer les indices recherchés.

Prospection de dernière minute

Pourquoi ne pas envisager une prospection de dernière minute ? La veille du début de votre expédition de chasse, parcourez les chemins et sentiers de votre territoire pour repérer des traces fraîches. Vous pourrez ainsi identifier les zones que les orignaux semblent fréquenter actuellement. En examinant ces traces, essayez de déduire leur origine et leur destination. Localisez l'habitat vers lequel ils se dirigent, ce qui vous permettra de planifier votre chasse en conséquence. En vous aidant de votre carte, identifiez où vous avez aperçu les traces d'orignaux et marquez le meilleur habitat à proximité. Vous pourrez ainsi anticiper la destination potentielle des propriétaires de ces traces et élaborer une stratégie pour les observer.

Outils de prospection terrain

Comme je l'ai souligné dans un article précédent, les cartes jouent encore un rôle crucial dans la prospection. Le GPS est également un outil indispensable. Pour traverser les montagnes et les habitats ciblés grâce à vos analyses, rien de tel. N'oubliez pas de vous munir de bonnes bottes de marche ou de randonnée pour garder vos pieds au sec et vous sentir à l'aise, même en terrain pentu et humide. Pendant vos séances de chasse, vous apprécierez grandement d'avoir préalablement exploré la zone. Cela rendra vos sorties plus productives, car vous chasserez aux endroits opportuns, ce qui augmentera considérablement vos chances de récolte.

 

À la recherche d'indices...

Procédez à la prospection des points chauds identifiés selon vos analyses cartographiques. Cherchez les signes de présence d'orignaux pour confirmer les résultats de votre analyse et localiser les zones pertinentes en fonction de vos dates de chasse. Si votre chasse est prévue entre le 15 septembre et le 10 octobre, recherchez les marques de frottage et les souilles, mais gardez en tête d'autres indices cruciaux.

En ce qui concerne les traces d'orignaux, rien n'égale leur présence pour attester de la fréquentation d'une zone par ces animaux. Soyez attentif à leurs origines et à leurs destinations. N'hésitez pas à explorer les endroits d'où semblent provenir les traces et à les suivre.

Localisez et vérifiez les sites nourriciers et d'abris (aires de repos) que vous avez identifiées préalablement sur les cartes. Les orignaux consacrent la majeure partie de leur temps à la recherche de nourriture, il est donc crucial de repérer ces sources alimentaires. Recherchez également les aires de couchage dans les endroits boueux des forêts matures. Ces emplacements stratégiques indiquent les endroits où chasser pendant les périodes plus chaudes.

Je l'ai déjà mentionné dans des textes antérieurs, mais c'est important de cibler les lisières naturelles laissées par les coupes forestières entre chaque parcelle de bois. Les bandes de 10 à 15 mètres le long des cours d'eau temporaires ou permanents doivent également être préservées en bordure. Ces lisières de bois mature entre les zones coupées forment des zones de transition naturelles que les orignaux empruntent régulièrement pour se déplacer entre les sites de nourrissage et les aires de repos.

N'hésitez pas à prospecter ces zones, car vous pourriez être surpris par ce que vous y découvrirez, même si elles sont proches des chemins. La pression de chasse force les orignaux à rechercher de moins bons endroits. Même si l'on considère que les orignaux préfèrent la tranquillité, la pression de chasse peut parfois les pousser à explorer des habitats inhabituels pour échapper à cette pression.

Comme je l'ai mentionné dans l'analyse cartographique, ne sous-estimez pas les chablis. Lors de vos prospections, examinez ces zones pour évaluer leur potentiel alimentaire et établir jusqu'où vous pouvez vous approcher. Bien que parfois difficiles à parcourir en raison de leur état, les chablis sont d'excellentes sources de nourriture pour les orignaux. Connaître leur emplacement vous évitera de vous y aventurer pendant la chasse s'ils sont trop dégradés. Les chablis laissent pénétrer davantage de lumière solaire, ce qui stimule la croissance des jeunes feuillus en sous-bois. Ceci est particulièrement vrai pour les chablis de sapin. En général, ces zones deviennent des sites de nourrissage de qualité, et elles devraient absolument faire partie de vos prospections terrain. Les informations présentes sur les cartes vous indiqueront l'année du chablis, ainsi que son étendue. Toutes ces informations sont importantes.

Pendant vos prospections, si vous disposez de temps supplémentaire, c'est également l'occasion de repérer les endroits où les orignaux se réfugient pendant les périodes de chaleur. Je ne parle pas ici de la période de rut des femelles, mais plutôt des périodes de températures élevées. Ces dernières années, la saison de chasse a souvent été marquée par des vagues de chaleur.

Bien que les températures atteignent rarement 33 degrés, plusieurs journées consécutives de 20 à 25 degrés peuvent avoir un impact sur les orignaux. En automne, après la mue, le pelage des orignaux devient plus épais pour faire face à la saison froide. Ils cherchent donc la fraîcheur et les endroits bien ventilés. Les indices que vous devriez rechercher dans ce cas incluent les zones humides où les orignaux pourraient se vautrer, ainsi que les zones ombragées où le soleil ne pénètre pas à travers la canopée forestière.

Les zones de rut

N'oubliez pas de prospecter les zones potentielles de rut identifiées lors de votre analyse cartographique. Vous pourrez ainsi confirmer ou infirmer vos informations. Il arrive que le terrain fournisse des compléments d'information non décelables sur les cartes. Certains reliefs naturels, par exemple, peuvent créer des zones plus humides naturellement. Il est crucial de consigner toutes les informations collectées. Il est fréquent que certains secteurs de chasse ne semblent pas abriter de zones de rut spécifiques ou que ces zones ne soient pas évidentes sur les cartes. Dans ce cas, en vous basant sur les traces, les broutages et les sentiers, explorez les habitats situés dans la direction que semblent indiquer les traces d'orignaux. Il est impératif de localiser les zones de couchage.

Même des reliefs légèrement surélevés dans les forêts de résineux ou les forêts mixtes près des aires de nourrissage peuvent cacher un mâle, identifiable par des frottages de panache. Il est important de ne pas confondre ces frottages avec les grugeages (consommation d'écorce). Les deux comportements sont bien distincts.

(ci-haut: lieu de frottement)

(Image ci-dessus: zone de grugeage d'orignal)

L'orignal se nourrit en grugeant l'écorce des arbres feuillus avec ses dents. Cela nécessite également un sol humide. Les mâles recherchent des zones correspondant à ces critères pour établir leurs territoires de rut, souvent près des zones de nourrissage des femelles et des veaux.

L'avantage de chasser régulièrement la même zone

Chasser régulièrement la même zone est une expérience différente et augmentera votre pourcentage de chance de récolte de votre chasse. Après avoir exploré une montagne ou une parcelle de forêt sans analyse préalable, vous réalisez l'importance de cette étape et tirez des leçons de cette sortie infructueuse. Au fil des saisons, vous apprenez à connaître les subtilités de votre zone de chasse. Vous avez une longueur d'avance lorsqu'il s'agit de localiser les zones de nourrissage, les aires de repos et les zones de rut. Après plusieurs saisons à chasser la même zone, vous avez sûrement déjà réussi des récoltes dans les bons endroits et vous connaissez parfaitement les points chauds où vous pourriez rencontrer un mâle. Ces avantages sont réservés aux chasseurs conscients de l'importance de cette approche. Exploitez pleinement ces connaissances pour maximiser votre temps et vos chances de réussite.

En conclusion, tout comme l'analyse des cartes est une étape fondamentale avant votre chasse, la prospection terrain l'est tout autant. Ces deux méthodes se complètent et représentent ensemble le meilleur investissement pour accroître vos chances de succès et d'action lors de vos futures sorties de chasse, et ainsi augmenter vos chances de réussite. Je vous souhaite une saison de chasse exceptionnelle.

Dan Lavoie, guide professionnel de chasse

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